La socialisation professionnelle
Les processus de socialisation et processus identitaire d’un point de vue sociologique : la dimension professionnelle
« Le champ pratique, relativement autonome, et partiellement clos, qui, dans les formations sociales contemporaines, gouverne, et dans lequel s’exerce, par l’intermédiaire d’agents clairement identifiés, un ensemble d’activités particulières rémunérées, publiquement reconnues, délibérément … »
« Qu’est-ce qu’une profession ? C’est une occupation qui a réussi à imposer deux propriétés clés : une licence individuelle (permission spéciale de poursuivre une activité) et un mandat légal, moral et intellectuel (la charge de dire ce qui est juste et utile). » Hugues
· Analyse des trajectoires individuelles et des trajectoires collectives de négociation sociale au sein d’un groupe professionnel et dans l’espace des professions.
· Présentation selon Dubar et Tripier, 1998
- Une profession est un conglomérat de segments en compétition de conflits d’intérêts.
- Trois idées principales :
- Les membres d’une même activité de travail ont tendance à s’auto-organiser, à défendre leur autonomie et leur territoire, et à se protéger de la concurrence.
- Les groupes professionnels cherchent à se faire reconnaître en développant des discours professionnels et en recherchant des protections légales. Ils aspirent à obtenir un statut protecteur.
- Individuellement, la vie professionnelle est un processus biographique qui construit les identités tout au long du déroulement de cycle de vie, depuis l’entrée dans l’activité jusqu’à la retraite.
· S’agissant du mot professionnalisation, Raymond Bourdoncle (2000) distingue cinq objets et sens
- La professionnalisation de l’activité : c’est lorsque l’activité n’est plus exercée de façon gratuite mais de façon rémunérée et à titre principal. C’est également faire en sorte qu’elle s’enseigne à l’université, cela suppose que les individus partageant la même activité explicitent et formalisent des savoirs qui seront enseignés dans des cursus universitaires. Dans ce sens, la professionnalisation d’une activité passe par l’universitarisation de sa formation professionnelle.
- La professionnalisation du groupe exerçant l’activité : celle-ci passe notamment par la création d’une association professionnelle, d’un code de déontologie, et par une intervention de nature politique de manière à obtenir un droit unique à exercer l’activité.
- La professionnalisation des savoirs : les savoirs professionnels ont tendance à être abstraits, organisés et validés selon un critère d’efficacité et de légitimité.
- La professionnalisation des personnes exerçant l’activité : il s’agit d’un processus d’acquisition de savoirs et de compétences professionnelles en situation réelle et construction d’une identité. Cela correspond à une dynamique de socialisation professionnelle.
- La professionnalisation de la formation : il s’agit de construire la formation de manière à ce qu’elle rende les individus capables d’exercer une activité économique déterminée.
· Déontologie chez les professionnels
- Déontologie : ensemble de devoirs qu’impose l’exercice d’un métier à des professionnels.
- Définition de l’éthique et de la morale : « L’éthique relève de la réflexion théorique et systématique sur les principes et les fondements sur les fins, sur l’approche raisonnée du bien et du mal et sur les systèmes de valeurs et de normes. L’éthique a donc une visée universelle ou à tout le moins général. La morale, quant à elle, relève de la prescription circonstanciée avec des incitations, des interdictions, des règles de conduite et des moyens bannis ou recommandés. En d’autres termes, la morale se rapporte à des situations concrètes déterminées, elle est donc particulière. » Terrenoire, 2004
- Distinction de trois registres dans l’expression de l’éthique :
- Registre réflexif (fondements, principes)
- Registre normatif (obligations générales sans considération des conditions de leur application dans la pratique).
- Registre prescriptif (morale) renvoie à ma moralité professionnelle.
- On peut distinguer :
- Éthique professionnelle : régulation éthique dans le cadre d’une profession donnée.
- Déontologie : partie de l’éthique professionnelle qui en rassemble les formes publiques, explicites, codifiées et collectivement reconnues.
- Moralité professionnelle : autre partie de l’éthique professionnelle qui comprend les régulations diffuses, discrètes, empiriques, pragmatiques et précaires, régulations en partie implicites.
- Déontologie et sanction professionnelle : le serment de l’ordre français des médecins
- « Au moment d’être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserve ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux (…). J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire (…). Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j’y manque. »
- Construction et organisation de la profession : la proposition de loi relative à l’Ordre national des infirmiers (24 février 2010)
- L’organisation professionnelle garante du « territoire professionnel » : recrutement, études de santé
- La profession : un échange contribution contre rétribution
- A caractéristiques identiques des salariés, les établissements de santé publique offrent des rémunérations horaires nettes plus élevées que les établissements privés (hors médecins).