http://violette.gueganno.free.fr/
UE3.3 S3 – Rôles infirmiers, organisation du travail et interprofessionnalité
Histoire de la profession et des soins infirmiers
I. Aux origines du métier d’infirmière en France, à la fin du 19ème siècle
A. Contexte et enjeux de la création des écoles municipales parisiennes d’infirmiers et d’infirmières
o Ce siècle est caractérisée par 3 révolutions : industrielle, politique et pasteurienne.
o La révolution industrielle, car elle change la structure sociale, on passe d’un monde paysan à un monde beaucoup plus organisé.
o Les révolutions politiques, qui vont changer les rapports sociaux. L’ancien régime était le régime de la monarchie, rythmé par le religieux. Le basculement dans la république change les rapports sociaux, la façon de voire le monde, les rapports de sexe.
o La révolution pasteurienne, car Pasteur va changer la manière de considérer les savoirs cliniques. C’est grâce à ses découvertes qu’on a mis en application les mesures d’asepsie et d’antisepsie. Il est aussi connu pour la vaccination contre la variole. Il va falloir des personnes formées pour mettre en œuvre ces nouvelles techniques.
o La 2ème République (1848) est une démocratie « hémiplégique », car seuls les hommes ont le droit de vote. Avec l’industrialisation, de plus en plus va se poser la question du travail des femmes. Les femmes « accaparent » le travail des hommes.
o L’un des combats de la 3ème République est de consolider le régime républicain en rompant avec l’Eglise. La lutte pour la laïcisation va être très forte. C’est dans ce contexte que se situe la première école laïque municipale.
o L’hôpital est encore profondément encré dans les siècles passés. En 1870, le pouvoir administratif, longtemps imprégné des valeurs de l’Eglise, et le pouvoir ecclésiastique sont réunis au sein de l’hôpital. Les religieuses sont confortées dans leur mission par les aumôniers (« médecins » de l’époque, car beaucoup plus présents). Les médecins sont des conquérants qui vont s’affirmer et prendre de plus en plus de place dans le milieu hospitalier.
o Le véritable corps à corps soignant-soigné n’est pas le fait des religieuses (qui sont plus des chefs, elles surveillent plus qu’elles ne soignent), mais le fait d’un personnel laïque, majoritaire depuis le début du siècle. En 1850, les religieuses sont minoritaires, les infirmiers (personnels laïcs, « personnels servants » des hôpitaux) sont majoritaires et mixtes. Les religieuses détiennent un pouvoir important, elles sont indépendantes par rapport au corps médical. L’entreprise de la laïcisation va consister, pour Bourneville, à déboulonner les religieuses de ces postes de surveillantes, pour y placer des laïques. L’idée est de faire entrer la politique à l’hôpital. Se pose alors le problème du recrutement.
o Le docteur Despré, médecin de l’assistance public, prend la défense des religieux. Au moment du combat pour la laïcisation, il sera dans le camp des religieux. De 1880 à 1890, Bourneville et Despré se livre un combat fratricide, à travers 2 journaux (« le progrès médical » et « la gazette des hôpitaux »). Despré est un adepte du « pansement sale » car il défend une école de pensée considérant que « plus le pansement est sale, moins il y a de miasme ».
B. La création des écoles d’infirmières : 1878
o L’école primaire
§ Dès l’origine, le côté mixte du métier est pensée, deux écoles sont créées à Paris (la Salpêtrière pour les filles, la Pitié pour les garçons).
§ L’objectif est d’apprendre à lire et à écrire. Le premier manuel traite la profession avec une certaine hauteur, mettant en évidence l’obéissance au médecin.
§ Un autre manuel est calligraphié par des enfants « idiotes », l’un des objectifs est d’apprendre à lire les écritures des médecins.
o L’école professionnelle
§ Il y a une réelle volonté d’enseigner, plusieurs manuels sont publiés concernant des thèmes précis : les médicaments, l’anatomie, l’accouchement, les techniques de pansements, …
o L’enseignement pratique
§ L’objectif est d’apprendre les gestes les plus courants, de pratiquer le plus possible.
§ Bourneville pousse les élèves à changer de stages tous les 3 mois, afin d’acquérir de l’aplomb et de l’autorité. Il imagine un 4ème niveau, une école de perfectionnement à la Pitié.
o Bourneville a à faire à des élèves qui pour la majeure partie sont illettrées et peu disponible aux études. Le nombre de cours est très faible (le soir, le dimanche), mais les élèves sont harassés car quand ils arrivent en cours ils ont déjà une journée de travail derrière (débutant à 5h).
o L’administration ne fait pas grand-chose pour que ces élèves soient plus disponibles, c’est une administration apathique. Bourneville demande d’augmenter le salaire de ceux qui font l’effort d’aller se former, et de leur donner du temps disponible. L’administration n’a pas l’enthousiasme de Bourneville.
o Un corps médical longtemps hostile, méfiant. Il a peur qu’on donne aux infirmières des demi-connaissances médicales, elles seraient « dangereuses » avec ces connaissances. Bourneville prend d’énormes précautions pour conserver les écoles d’infirmières. Concernant les exercices pratiques (les places de stage), très peu de ses confrères répondent à son appel. Il a imposé en France qu’une formation était indispensable pour exercer ce métier.
C. Le bilan à la fin du siècle
(à suivre)