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1 Histoire de l'éthique médicale et de la bioéthique (UE1.3 S4 - Législation, éthique, déontologie)

UE1.3 S4 – Législation, éthique, déontologie

Histoire de l’éthique médicale et de la bioéthique

 

8/02/2012

 

 

 

 

Éthique et morale

 

Étymologie : ne nous aide guère.


Une distinction nécessaire ?

o   Comme théorie raisonnée sur le bien et sur le mal (mais qu’est-ce qui est bien, ou mal ? et qu’est-ce qui justifie que c’est bien ou mal ?), les valeurs et jugements moraux, comme déconstruction des règles de conduites (c’est quoi cette règle ? qu’est-ce qui la justifie ?), comme recherche des fondements de l’obligation.

o   Comme application des règles dans un domaine particulier : bioéthique, éthique des affaires.

 


 

 

Éthique

o   Visée de la vie bonne, le bien pour nous – sans viser un bien particulier – ancrée dans la pratique (praxis), qui n’a d’autre fin que l’action elle-même.

o   Avec et pour l’autre : sollicitude et réciprocité, responsabilité.

o   Dans des institutions justes.

§  Comme bon : extension des relations interpersonnelles aux institutions (un vivre ensemble dans le respect de l’égalité des parties).

§  Comme légal : système judiciaire conférant à la loi cohérence et droit de contrainte.

 

 

 

Éthique médicale

 

 

Éthique médicale comme art de soigner

 


 

Éthique et déontologie

 

·         Pour le philosophe Jeremy Bentham, les rapports sociaux se placent, dans la médecine, sur trois plans, communs à d’autres activités humaines : rapports personnels entre le médecin et le patient, rapports communautaires du groupe social auquel appartiennent le médecin et le patient, rapport professionnels entre les membres de la profession médicale.
Si ces trois niveaux, individuel, social et corporatif, de l’éthique médicale ont revêtu des aspects différents selon les époques et les cultures, ils demeurent toutefois utiles pour comprendre ce qui se joue dans la constitution des règles inhérentes à la pratique médicale à travers les temps.
Malgré des traditions culturelles et soignantes différentes, les médecins du monde entier ont pourtant adopté des valeurs professionnelles communes. Ces valeurs fondamentales proviennent de notre expérience partagée de la maladie, de l’amour, de la compassion, du soin envers ceux qui en ont besoin. Les valeurs d’humanisme que sont la responsabilité, la confiance, le respect, l’intégrité, la confidentialité, semblent alors constituer le fondement de toute pratique médicale.

 

 

Éthique hippocratique

 

o   Primum non nocere : avant tout ne pas nuire. On est dans l’obligation de réfléchir à nos actes.

o   Natura medicatrix : c’est dans les ressorts cachés de la nature que se trouvent les ressources de la guérison. Le médecin doit aider la nature, lui permettre de quérir sans la contraindre, l’écouter, la connaître, et la respecter.

 

 

o   Hippocrate a donc été récupéré par différents courants de la médecine, du Moyen-Âge à nos jours.

o   Les médecins l’ont souvent cité car le passé fonde l’autorité : si Hippocrate a dit cela, c’est admis par tous.

o   Son succès vient aussi du fait qu’il décrit une médecine ouverte, non standardisée, basée sur l’expérience. Il reconnait ses erreurs.

o   Aujourd’hui, Hippocrate symbolise souvent la nostalgie d’un humanisme que la médecine « technique » aurait perdu.

o   Dans tout le corpus hippocratique, l’éthique y est implicite, imbriquée dans la pratique. Une grande importance est accordée à la compétence, nécessaire pour « être utile, ou du moins ne pas nuire ».

 

 

Deux manières de déclarer son engagement comme professionnel

o   Le patient au cœur du soin.

o   Pacte de soin : entre celui qui sait et celui qui souffre. Cette relation de confiance réciproque n’est ni immédiate, ni assurée, elle a besoin d’être construite et entretenue (Ricœur). La fiabilité de l’accord obtenu entre les deux protagonistes de l’acte devra en effet être sans cesse « mise à l’épreuve, de part et d’autre par l’engagement du médecin à suivre son patient, et celui du patient à se conduire comme l’agent de son propre traitement ».

 

Médecine comme pratique soignante

 


 

 

Bioéthique


Définitions

  

Émergence de la bioéthique

Code de Nuremberg (1947)

o   Expérience de pressurisation, castration.

o   Les médecins nazis avaient tous prêté serment.

 

Ø  Il est absolument essentiel d’obtenir le consentement volontaire du malade.

Ø  L’essai entrepris doit être susceptible de fournir des résultats importants pour le bien de la société, qu’aucune autre méthode ne pourrait donner.

Ø  L’essai doit être entrepris à la lumière d’expérimentation animale et des connaissances les plus récentes de la maladie étudiée.

Ø  L’essai devra être connu pour éviter toute contrainte physique ou morale.

Ø  Aucun essai ne devra être entrepris, s’il comporte un risque de mort ou d’infirmité, sauf si peut-être les médecins eux-mêmes participent à l’essai.

Ø  Le niveau de risque pris ne devra jamais excéder celui qui correspond à l’importance humanitaire du problème posé.

Ø  Tout devra être mis en œuvre pour éviter tout effet secondaire à long terme après la fin de l’essai.

Ø  L’essai devra être dirigé par des personnalités compétentes. Le plus haut niveau de soins et de compétence sera exigé pour toutes les phases de l’essai.

Ø  Pendant toute la durée de l’essai, le malade volontaire aura la liberté de décider d’arrêter l’essai si celui-ci procure une gêne mentale ou physique et si, de quelque autre façon, la continuation de l’essai lui parait impossible.

 

 

o   23 médecins.

o   Défense :

§  Obéissance aux ordres.

§  Accord des déportés.

§  Comparaison avec expériences américaines (paludisme, haute altitude).

 

 

Crise de confiance des années 1970

o   Réflexion sur les enjeux éthiques des biotechnologies.

o   Études de l’effet de l’injection de cellules cancéreuses chez patient cachectiques (pas nécessité de consentement) à procès de médecin et directeur d’hôpital et recommandation d’un contrôle externe.

 

 

o   Discrimination par rapport aux minorités : handicapés mentaux, prisonniers, etc.

 

o   Évaluation publique de la recherche s’assurant que droits et bien-être des patients sont assurés, des bénéfices recherchés, que le consentement est obtenu.

o   Nécessité de fonder l’activité médicale sur d’autres traditions que l’héritage hippocratique : éthique déontologique orientée vers le respect des droits universels (Kant).

 

o   Nécessité de faire appel à des principes éthiques universels : dignité, respect.

o   Inscription dans le discours social : droits de la personne (droit de l’homme).

§  Promotion des droits des individus et des minorités opprimés.

§  Mise en cause du pouvoir médical dominant.

 

o   Greffe : individu-objet ? Moment de la mort ?

o   Génétique : risques expliqués ?

o   Ressources rares (dialyse rénale) : quels critères pour sélectionner ?

 

o   Proposition d’une commission nationale interdisciplinaire se penchant sur la responsabilité des chercheurs face aux progrès.

 

o   Recherche sur l’évolution naturelle de la syphilis secondaire (recherche débutée en 1932 ; traitements efficaces depuis 1941 : fin de la recherche en 1972).

o   339 syphilitiques et 201 contrôles (indigents de couleur).

o   Pas informés de l’étude.

o   Dénonciation par le New York Times.

 

o   Création de la National Commission for the Protection of Human Subjects of Biomedical and Behavioural Research (Kennedy, 1973).

§  De quelle manière protéger le plus efficacement possible les droits et le bien-être des sujets de recherche.

§  « Identifier les principes éthiques de base qui devraient sous-entendre la conduite des recherches biomédicales et comportementales effectuées sur les êtres humains, et développer les lignes directrices qui devraient être suivies. »

o   President’s Commission for the study of ethical problems in medicine and biomedical and behavioral research (Kennedy, 1980).

§  Affaire Karen Ann Quinian : coma après ingestion de barbituriques, valium et alcool (15 avril 1975).

§  Demande des parents de débrancher le respirateur après 5 mois : refus médical.

§  Autorisation par la cour suprême : débrancher le 20 mai, décès après 9 ans, le 11 juin 1985 à 35 ans.

o   Création de 2 centres d’éthique au début des années 1970.

§  Hastings Center : nécessité d’interdisciplinarité.

§  Kennedy institute of ethics : centre de documentation de référence nord-américain.

 

 

Création du CCNE 1983

 

Champs et domaines de la bioéthique

 

·        

Maitrise de la vie à la mort :

§  PMA : insémination artificielle, transfert d’embryon (FIV), GPA.

§  Embryon : diagnostic prénatal, tri d’embryon, bébé-médicament.

§  IVG-IMG.

 

§  Thérapie génique.

§  Clonage reproductif et thérapeutique.

 

§  Psychochirurgie (lobe frontal)

§  Psychotropes

§  Greffes de cellules nerveuses

§  Implants électrodes (parkinson, douleur chronique)

 

§  Acharnement thérapeutique et euthanasie

§  Greffes d’organes et de tissus.

 

Révolution génétique

 

 

o   Avons-nous le droit d’agir sur la nature ?

o   Levée moratoire de 1974 : mesures de sécurité.

 

o   « Super souris » : gène d’hormone de croissance humaine dans l’embryon de souris.

 

o   « Nous croyions autrefois que notre destin se lisait dans les étoiles. Nous savons aujourd’hui que, pour une large part, notre destin est imprimé dans nos gènes. » (Watson)

o   Classé patrimoine mondial de l’humanité, pas de brevetage possible de ce gène.

o   Monogéniques ou polygéniques.

o   Enjeu économique majeur (tests sur le marché).

o   Dépistages.

 

o   Cellules somatiques fœtus, enfant ou adulte.

o   Cellules germinales chez l’embryon à un stade précoce ou aux cellules germinales d’un adulte (transmission du gène à toutes les cellules, et à la descendance).

o   Espoirs ?

§  Jesse Gelsinger : décès après expérimentation à soupçon sur les firmes et optimisme des associations de malades.

§  Bébés bulle : jeunes enfants présentant un déficit immunitaire à 5 enfants traités, complications graves chez 2 enfants.

                                                

Diagnostic prénatal

 

Le néo-eugénisme ?

 

 

Conseils génétiques pour futurs parents

 

o   1994 : Alan Handsyde, sélection d’embryon (après FIV) non porteur de la mucoviscidose (diagnostic préimplantatoire, DPI).

o   Pratiqué dans 11 pays (dont la France : 3 centres) pour les maladies liées au sexe (hémophilie), la mucoviscidose (UK), pour répondre aux convenances personnelles (Espagne).

o   France : Valentin (1999) non porteur du déficit OCT (Necker).

o   Risque d’étendre les indications ? Une victoire de la norme ? Vie digne d’être vécue ? à Eugénisme ? Instrumentalisation de l’enfant ?

o   Enfant réparateur : Adam, pour sauver Molly (Charles Strom, Illinois, 2000) atteinte de l’anémie Fanconi ; extraction de cellules souches chez Adam (sur 15 embryons conçus).

 

o   Nicolas Perruche, sourd, muet, mal voyant, atteint de cardiopathie et d’un déficit intellectuel.

o   Ses parents demandent une indemnisation au nom de l’enfant, qui n’aurait pas dû naître (rubéole chez la mère, IMG si elle l’avait su).

o   Arrêt de la cour de Cassation (2000) : un enfant a le droit d’être indemnisé parce qu’il est né.

o   « Hiroshima éthique », Israël Nisand.

o   Loi anti-Perruche : indemnisation par les médecins « fautifs » des seules conséquences morales.

 

o   En théorie, il faut que l’affection soit d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic.

 

 

Clonage thérapeutique

o   La sécurité technique et médicale.

o   L’ébranlement de la notion de reproduction et de famille.

o   L’ambiguïté des rapports d’un enfant cloné avec son progéniteur.

o   La confusion de l’identité personnelle et le tort causé au développement psychologique d’un clone.

o   Les inquiétudes relatives à l’eugénisme.

o   Le caractère contraire à la dignité humaine.

o   Le renforcement de la tendance à produire des bébés « sur mesure » et à améliorer les êtres humains.

 

o   Sacrifice d’être humain.

 

o   Alléger la souffrance.

 

o   Argument des 14 jours.

 

 

Clonage et dignité

 

 

Éthique médicale et bioéthique

 

o   Où des choix doivent être faits entre le médecin, le patient et la société.

 

o   Confiante du développement évolutif de l’humanité.

o   Craintive, préoccupée de limiter les dégâts possibles de l’entreprise biomédicale.

o   De contrôle autoritaire de recherches comme de ses applications, et procédant par interdits.

o   De l’argumentation, visant, par la discussion en vue d’un consensus provisoire sir les normes, à éclairer la décision médicale ou à limiter le recours à certaines techniques.

 

 

o   Position techniciste : la question éthique ne se pose pas :

§  Devoir-faire dérive du pouvoir-faire.

§  Francis Bacon : Nouvelle Atlantide (1627) à exécuter tout ce qui est possible.

 

o   Position abstentionniste : démonisation de la technoscience :

§  Intransigeance

§  Hans Jonas : Principe Responsabilité (1979) à une peur qui invite à agir, qui permet l’ouverture des possibles.

 

o   Position humaniste : argumentation et prudence.

§  Meilleur détermination des choses à faire ou à ne pas faire, en prenant appui sur l’expérience.

§  Luc Ferry : justifier un point de vue qui vaille aussi pour autrui (1991) à assentiment des hommes.