UE2.9 S5 – Processus tumoraux
Les cancers digestifs
5/09/2012
Essentiellement côlon gauche, mais de plus en plus côlon transverse et côlon droit (Amérique, Europe, Asie). Cause : longévité, alimentation.
Paroi : muqueuse, sous-muqueuse, musculeuse, séreuse.
1. Généralité
Épidémiologie
- CCR représentent 15 à 20% de l’ensemble des cancers.
- 38 000 nouveaux cas par an, 15 000 décès par an.
- 2/3 colon, 1/3 rectum.
- 2ème position chez la femme, 3ème chez l’homme.
- Incidence maximale entre 50 et 70 ans.
Facteurs de risque
- Maladie prédisposante génétique (5%) :
o Polypose adénomateuse familiale.
o Syndrome de Lynch = syndrome du cancer colique héréditaire sans polypose.
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin : maladie de Crohn.
- Facteurs diététiques : régime riche en graisse et en protéines animales.
- Obésité, alcool, tabac.
Histoire de la maladie
Cancérogenèse longue multi étape avec acquisition de mutations :
o Polype : tumeur souvent bénigne, généralement pédiculée, qui se développe sur les muqueuses des cavités naturelles de l’organisme (côlon, estomac, rectum, utérus, nez, larynx).
o Le polype peut dégénérer et évoluer vers un cancer. Née de la muqueuse, la tumeur envahit successivement les autres couches de la paroi recto-colique, puis les organes de voisinage (ganglions, graisse péri vasculaire, vaisseaux sanguins, etc.).
- Les cancers du côlon et du rectum sont adénocarcinomes.
- Extension métastatique :
o Par voie lymphatique : ganglion de Troisier.
o Par voie hématogène : essentiellement hépatique puis pulmonaire (autres : péritoine, os).
Lien et risque avec les polypes :
o 90% des polypes.
o Bénins.
o Habituellement < 0,5cm, surtout au niveau du recto-sigmoïde, surtout en 50 et 70 ans.
- Polypes adénomateux ou adénomes :
o 10% des polypes.
§ 90% sont petits et peu de potentiel de malignité.
§ 10% sont plus gros > 1cm : 10% cancéreux.
§ 3 types : tubulaires, tubulo-villeux, villeux.
o Pédiculé : reliés à l’organe par un axe conjonctif revêtu de muqueuse.
o Sessile : peu saillant.
- Les polypes de 2 cm ou plus ont une fréquence de cancérisation d’environ 50% contre 1% pour les adénomes de moins de 1 cm
- Les polypes villeux présentent le plus grand risque de cancérisation
2. Bilan clinique
Circonstances de découverte :
- Modification récente du transit, hématochésie (rectorragie, anémie, méléna à états de fatigue, pâleur), douleurs abdominales, AEG. Apparition de complications : occlusion intestinale aiguë (vomissements), perforation tumorale (25%) ou diastatique (75%).
Examen clinique :
- Interrogatoire : antécédents personnels et familiaux.
- Examen clinique : palpation abdominale, TR, palpation des aires ganglionnaire.
3. Bilan paraclinique
Diagnostic positif :
- Coloscopie : il faut qu’elle soit complète (exception : tumeur occlusive du sigmoïde).
o Acte médical sous anesthésie général. Diagnostic et thérapeutique.
o Rapide : 15 à 30 minutes.
o Complications rares.
- Bilan locorégionale : lavement baryté (seulement en cas d’occlusion aiguë, de coloscopie incomplète ou de problème de repérage : radiographie après introduction de liquide contenant du sulfate de baryum, mettant en évidence les tumeurs et certaines anomalies), écho endoscopie rectale.
- Bilan d’extension métastasique : échographie abdominale (métastases hépatiques, carcinose péritonéale), scanner si doute, radiographie pulmonaire (scanner si doute).
- Bilan général.
Classification :
Stade
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TNM
|
Extension tumorale
|
0
|
Tis N0 M0
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Carcinome in situ (atteinte muqueuse sans extension à la sous-muqueuse).
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1
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T1 N0 M0
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Atteinte sous-muqueuse.
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1
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T2 N0 M0
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Atteinte musculeuse
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2A
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T3 N0 M0
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Atteinte sous-séreuse.
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2B
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T4 N0 M0
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Atteinte séreuse (péritoine) et/ou envahissement des organes de voisinage sans métastase ganglionnaire.
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3A (T1, T2)
ou B (T3, T4)
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Tout T N1 M0
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Atteinte de 1 à 3 ganglions régionaux.
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3C
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Tout T N2 M0
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Atteinte d’au moins 4 ganglions.
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4
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Tout T Tout N M1
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Métastases (y compris atteinte ganglionnaire iliaque).
|
4. Traitements
Prévention
- Conseils : arrêt alcool et tabac, limiter le surpoids, activité physique, fruits et légumes.
- Dépistage de masse à partir de 50 ans (puis tous les 2 ans) : test de recherche d’un saignement occulte dans les selles (test HEMOCULT), et coloscopie si test positif.
- Dépistage à un stade précoce des polypes : en cas d’antécédents (CCR, polype adénomateux, adénome avec contingent villeux), de signes d’alarme.
o Coloscopie à 3 ans, puis 5 ans après si elle est normale.
- Surveillance accrue dans les familles avec une prédisposition héréditaire :
o Coloscopie à 45 ans, ou 5 ans avant l’âge au diagnostic du cas index.
o Puis contrôle à 5 ans si coloscopie normale.
Traitement curatif
- Chirurgie +++ (traitement le plus approprié) :
o Exérèse colique segmentaire de la tumeur avec des marges de côlon sain.
o Ablation des différents relais ganglionnaires.
o Résection des métastases.
o Résection en bloc si envahissement des organes de voisinage.
Suivi régulier : coloscopie à 3 mois, 1 an, puis tous les 3 ans + test hemoccult tous les 2 ans.
- Chimiothérapie adjuvante :
o Indication : diminuer le risque de récidive des cancers avec envahissement ganglionnaire opérés.
o Schéma FOLFOX : 5FU en bolus et perfusion continue + acide folinique + oxaliplatine administré en 2h en début de cure.
o Cure de 48 heures, tous les 14 jours pendant 6 mois.
- Chimiothérapie palliative :
o Cancer non résécable, bon état général.
- Pas de radiothérapie dans les cancers du côlon.
Segment terminal du tube digestif, faisant suite au côlon sigmoïde.
60% des cancers colorectaux.
1. Bilan clinique
Circonstances de découverte :
- Syndrome hémorragique +++.
- Douleurs rectales accompagnées de « faux besoins », troubles persistants du transit intestinal, perte de poids sans raison apparente, fatigue.
Interrogatoire :
- Antécédents médicaux et chirurgicaux, personnels et familiaux.
- Symptômes actuels.
Examen clinique :
- Toucher rectal.
- Rectoscopie (exploration visuelle directe à l’aide d’un tube munie d’un système optique) avec biopsie pour examen microscopique.
2. Bilan paraclinique
Anatomopathologie
- Examen au microscope (après biopsie) à affirme ou non le diagnostic.
Bilan locorégional :
- Examen direct : coloscopie.
- Examen radiologique : lavement baryté (côlon), scanner du bas de l’abdomen, échoendoscopie rectale, IRM pelvienne.
Bilan d’extension :
- Radiographie des poumons.
- Échographie du foie.
- Scanner de l’abdomen, du thorax et du bassin.
Bilan général
3. Traitement
Prévention secondaire :
- Examen endoscopique : antécédents personnels (polypes, rectocolite hémorragique) ou familiaux (polypes, cancers colorectaux), test HEMOCCULT positif.
Curatif : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie.
Chirurgie +++ :
- Conservatrice : résection antérieure du rectum, avec exérèse complète du méso rectum, enlevant la tumeur.
- Complète.
- Traitements adjuvants : RT, CT.
Radiothérapie :
- Préopératoire dans les tumeurs évoluées du rectum.
- Postopératoire pour éviter le risque de récidive locale.
Traitement palliatif :
- Radiothérapie externe.
- Associée éventuellement à la chimiothérapie, la dérivation chirurgicale de l’intestin vers la paroi de l’abdomen en amont de la tumeur (colostomie d’amont), et les traitements endoscopiques (laser).
1. Généralités
Épidémiologie
- 5% de tous les cancers.
- 7000 cas par an en France.
- 6000 décès par ans.
- En constante diminution : disparition du sel, amélioration des moyens de conservation alimentaire.
Facteurs prédisposants
- Facteurs géographique : faible incidence en Europe occidentale, très fort taux au Japon.
- Age moyen 70 ans.
- Sexe masculin.
- Facteurs alimentaires : nitrites, hydrocarbures, alimentation riche en sel, mode de préparation (poissons fumés).
o Fruits et légumes protecteurs.
Lésions précancéreuses
- Ulcère chroniques gastriques.
- Gastrite chroniques.
- Polypes gastriques.
2. Anatomopathologie
85% : adénocarcinomes.
Forme histologique particulière : lymphomes, léiomyosarcomes, sarcome stromal.
Histoire naturelle
- Extension locorégionale.
- Ganglionnaire : précoce.
- Métastatique : hépatique.
3. Diagnostic clinique
Signes révélateurs
- Douleur épigastrique : brûlures digestives, douleurs abdominales, nausées.
- AEG.
- Dysphagie.
- Complications : hémorragie digestive, perforation gastrique.
- Métastases.
Examen clinique : le plus souvent normal.
- Masse épigastrique.
- Hépatomégalie.
- Ganglion de Troisier.
- TR : méléna, carcinose.
- TV : métastases ovariennes (tumeur de Krukenberg).
4. Examens complémentaires
Histologique : endoscopie œsophagienne + biopsie pour l’examen anatomopathologique.
Radiographie de l’estomac : type de lésion (forme bourgeonnante, ulcérée ou infiltrante).
Bilan d’extension :
- Scanner TDM : thoraco-abdomino-pelvien à recherche de métastases ganglionnaires ou viscérales.
- Echoendoscopie, échographie hépatique.
- Radiographie du thorax.
- Cœlioscopie exploratrice : grosses tumeurs (extirpabilité douteuse), suspicion de métastases hépatiques ou de carcinose péritonéale.
- Bilan biologique complet.
Classification TNM : peu utilisée.
5. Traitement
Chirurgie +++ :
- Seul espoir de guérison.
- But : exérèse ne laissant en place aucun résidu tumoral.
- Gastrectomie : ablation partielle ou totale de l’estomac (dépend de la topographie de la tumeur).
- CT et RT pouvant être associées ou pratiquées si cancer inopérable.
Complications postopératoires :
- Mortalité précoce.
- Complications tardives : ulcère anastomotique, RGO, problème d’alimentation et amaigrissement.
- Complément vitamine B12 (ablation à carence).
Radiothérapie :
- Indication : en adjuvant pour limiter le risque de récidive.
o Curage ganglionnaire insuffisant, envahissement ganglionnaire, tumeur atteignant la séreuse.
- Associée à une chimiothérapie 5FU.
Organes à risque : foies, reins, intestin grêle, moelle épinière
Traitement palliatif :
- Chirurgie de dérivation.
- Chimiothérapie des formes métastatiques.
- Traitement de la douleur.
- Radiothérapie à visée hémostatique ou antalgique, ou cancer non résécable ou patient non-opérable.
- Traitement endoscopique : destruction au laser ou mise en place d’une prothèse dans les formes sténosantes.
6. Pronostic
Globalement mauvais, surtout si envahissement ganglionnaire : 20% de survie à 5 ans, contre 60 à 80% en l’absence d’envahissement ganglionnaire.
Les malades non opérés ont une survie nulle à 5 ans.
1. Généralités
Épidémiologie :
- 5% des cancers digestifs.
- 1,5% de tous les cancers.
- 5000 nouveaux cas par an.
- 4500 décès par an.
- Pronostic sombre : mortalité élevé en lien avec un diagnostic souvent tardif.
- Incidence importante en Asie.
Anatomopathologie : deux histologies différentes.
- Carcinome épidermoïde (80%, cellules « squameuses » de la partie supérieure) : intoxication alcoolo-tabagique retrouvée dans 90% des cas, méga-œsophage, antécédent d’ingestion de caustique.
- Adénocarcinome (20%, cellules glandulaires de la partie inférieure) : complication d’un endo-brachy-œsophage (ou œsophage de Barrett).
Facteur de risque :
- Alcool, tabac (il peut alors être associé à un cancer ORL et à un cancer broncho-pulmonaire).
- Antécédents de cancer ORL.
- Homme.
- Irritation thermique (thé) caustiques (arsenic, nickel, hydrocarbure).
- Lésion préexistante : œsophagite peptique (inflammation de l’œsophage due au reflux acide de l’estomac) entrainant un endobrachy-œsophage (anomalie de situation du point de jonction entre œsophage et estomac), en complication d’une achalasie (perte de la relaxation de l’œsophage).
Histoire naturelle :
- Extension locorégionale (pariétale transversale) : organes de voisinage (plèvre, trachée, bronches, poumons, aorte, péricarde, …).
- Extension lymphatique : ganglions cervicaux inférieur et ganglions de Troisier (vers le haut), ganglions du médiastin (partie moyenne), ganglions du cardia et de la petite courbure (vers le bas).
- Métastases viscérales (rares) : poumons, foie, rachis dorsal.
2. Bilan clinique
Circonstances de découverte :
- Longtemps sans symptôme, souvent premières manifestations à un stade avancé.
- Dysphagie, régurgitations, AEG.
- Douleur rétro sternale, dysphonie (envahissement du nerf récurrent gauche), fausse route, hémorragie digestive.
3. Bilan paraclinique
Bilan positif :
- Fibroscopie : visualisation de la tumeur + biopsie de la muqueuse.
Bilan locorégional + recherche de fragilités (cirrhose, bronchite chronique).
- Lavement baryté œsophagien.
Bilan d’extension métastatique
- Endoscopie trachéobronchique, scanner thoracique (organes de voisinages, poumons), échoendoscopie.
Bilan pré-thérapeutique pour patient opérable (= bilan général) :
- PET scan : métastases ?
- Examen ORL : paralysie récurrentielle ?
- Fibroscopie bronchique : extension ? deuxième localisation ?
- Bilan nutritionnel (amaigrissement ? protidémie, albuminémie ?), fonction respiratoire et hépatique.
Classification :
- Petite tumeur : T1 et T2 N0 M0.
- Localement avancé
- Métastase : T N M1.
4. Traitement
Toujours discuté en comité multidisciplinaire de cancérologie après réalisation d’un bilan pré-thérapeutique (stade de la tumeur en fonction de sa taille, de la présence ou non d’adénopathies et/ou de métastases).
Chirurgie +++ :
- Œsophagectomie + curage ganglionnaire.
- Seul 1/3 des patients sont opérables.
- Chirurgie lourde : 5% de mortalité.
Radiothérapie - chimiothérapie :
- Indication de la RT : stade localisé non opérable.
- Radio-chimiothérapie concomitante (RT-CT) : avant la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur, et après pour éliminer les cellules cancéreuses restantes.
- TDM dosimétrique en position de traitement.
- Cure : une séance par jour, 5jr/7, pendant 4 à 5 semaines.
Toxicité aiguë :
o Alimentation peu irritante (épice, OH, tabac).
o Surveillance hebdomadaire du poids.
o Grade 1 : simple gène à type d’accrochage des aliments, pansement gastriques, anesthésiants locaux.
o Grade 2 : perte de poids.
o Grade 3 : nutrition entérale par sonde.
o Grade 4 : hospitalisation pour alimentation parentérale.
o Autres symptômes : toux, érythème cutané.
Chimiothérapie :
- 5FU et cisplatine.
- Association concomitante à la radiothérapie.
Curiethérapie :
- Indication : proposée dans le traitement des récidives en territoire irradié, dans les tumeurs superficielles non opérables.
- Technique : curiethérapie haut débit 6 séances.
Traitement palliatif :
- Endoscopique : prothèse œsophagienne (permet au patient dysphagique une réalimentation par voie orale), destruction de la tumeur au laser.
- Chirurgical : gastro- ou jéjunostomie d’alimentation.
- Médical : chimiothérapie éventuellement associée à une radiothérapie (en l’absence de métastase), sédation des douleurs, maintien d’un état nutritionnel correct.
5. Suivi
Recherche de signes évocateurs de récidive :
- Examen clinique tous les 3 mois pendant 2 ans, puis tous les 6 mois pendant 5 ans, puis tous les ans.
- Endoscopie haute : à 3 mois, puis tous les 6 mois pendant 2 ans, puis tous les ans.
- TDM thoraco-abdominal :
o RT-CT : à 3 mois, tous les 6 mois pendant 2 ans.
o Chirurgie : à 6 mois.
- Examen ORL annuel.
- Endoscopie bronchique (non systématique).
Informer sur les effets des traitements, inviter à poser des questions.
Angoisse à la fin du traitement : pas inhabituelle, visites médicales régulières, aide de soutien psychologique.
Parler du cancer, des traitements : libérateur, permet aux proches de comprendre la situation.
L’échange permet de : briser la solitude, connaitre différentes pistes de prise en charge thérapeutique.
Aspects relationnels, les proches : les informer pour les préparer et leur permettre d’anticiper les changements (diminutions des forces physiques et psychiques, aspect).