UE2.11 – Pharmacologie et thérapeutiques
Évaluation de la douleur et qualité de vie
7/09/2012
CADRE LEGISLATIF
Code de la santé publique :
- Art. L1110-5 : toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en tout circonstance prévenue, évaluée, prise ne compte et traitée.
- Art. L1112-4 : les établissements de santé, publics ou privés, et les établissements médico-sociaux mettent en oeuvre les moyens propres à prendre en charge la douleur des patients qu’ils accueillent et à assurer les soins palliatifs que leur état requiert, quelles que soient l’unité et la structure de soins dans laquelle ils sont accueillis.
Titre 1 : Profession d’infirmier ou d’infirmière – Chapitre 1 : Exercice de la profession – Section 1 : Actes professionnels.
- Art. R4311-2 : Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, ont pour objet :
o 5° : De participer à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de la douleur et de la dé-tresse physique et psychique des personnes, particulièrement en fin de vie au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner, en tant que d besoin, leur entourage.
- Art. R4311-5 : Dans le cadre de son rôle propre :
o 19° : Recueil des observations de toute nature susceptibles de concourir à la connaissance de l’état de santé de la personne et appréciation des principaux paramètres servant à sa surveil-lance : température, pulsations, pression artérielle, rythme respiratoire, volume de la diurèse, poids, mensurations, réflexes pupillaires, réflexes de défense cutanée, observations des mani-festations de l’état de conscience, évaluation de la douleur.
Les 3 plans quadriennaux : 1998, 2002, 2006
- Prise en charge de la demande des patients.
- Formation des soignants.
- Création de la structure douleur.
- Prévenir et traiter la douleur provoquée par les soins.
- Mieux prendre en charge la douleur de l’enfant.
- Reconnaitre et traiter la migraine.
- Prise en charge de la douleur des plus vulnérables (enfant, adolescent, personne handicapée, per-sonne âgée, annonce de diagnostic).
- Améliorer les traitements non-médicamenteux et méthodes non pharmacologiques.
Charte du patient hospitalisé annexée à la circulaire ministérielle n°95-22 de mai 1995 relative aux droits des patients hospitalisés.
- L’objectif de la présente Charte est de faire connaître concrètement les droits essentiels des patients accueillis dans les établissements de santé, la prise en compte de la dimension douloureuse, physique et psychologique des patients, et le soulagement de la souffrance, doivent être une préoccupation constante de tous les intervenants. Tout établissement doit se doter des moyens propres à prendre en charge la douleur des patients qu’il accueille, et intégrer ces moyens dans son projet d’établissement.
DEFINITIONS
Aujourd’hui, certification et indicateurs :
- La prise en charge de la douleur est un élément incontournable dans la qualité des soins exigée par la HAS.
- L’utilisation d’outils validés et leur traçabilité dans le dossier patient deviennent des éléments d’appréciation mesurable.
- Tous les établissements de santé y sont soumis.
Définition :
- Fixer approximativement sans recourir à la mesure directe.
- Porter un jugement sur la valeur
- Apprécier, estimer, juger.
Les enjeux :
- Intégrer le paramètre douleur à la prise en charge globale du patient.
- Ajuster le traitement antalgique selon les besoins du patient et les effets secondaires.
Évaluer, pourquoi ?
- Rendre objectif un phénomène douloureux subjectif.
- Permettre d’identifier et de reconnaitre des patients présentant une douleur grâce à une procédure structurée.
- Transmettre l’information dans un langage commun.
- Parce qu’il n’y a pas de relation proportionnelle entre l’importance de la lésion et la douleur expri-mée par le patient.
Quand évaluer :
- Lors de l’entretien d’accueil, en expliquant les modalités de la démarche.
- À des moments et des rythmes déterminés en équipe, en fonction de la situation, du type de douleur (aiguë, chronique), au repos, au mouvement, lors de soins.
- En fonction du traitement, après les pics d’action, une à plusieurs fois par jour.
Qui évaluer :
- Tout patient, dès l’accueil.
- En fonction des situations et des traitements, grâce à une méthode adaptée.
OUTILS D’EVALUATION
Les méthodes :
- Le choix de la méthode se fait en fonction :
o Du patient, s’il est communiquant ou pas.
o Du type de douleur, aigu ou chronique.
o Du degré de précision que l’on souhaite dans l’évaluation.
- En aucun cas l’évaluation n’établit un diagnostic.
Préalables :
- Écouter, croire, rassurer.
- Observer.
- Expliquer.
- Anticiper.
- Limiter les douleurs iatrogènes.
Auto-évaluation +++.
o Interrogatoire : profil évolutif (ancienneté de la douleur, mode de début, évolution), topographie, qualité, intensité, facteurs de soulagement et d’aggravation, manifestations associées, retentissement.
o Mesure de l’intensité.
o Recherche d’une composante neuropathique.
o Grilles d’entretiens spécifiques.
L’auto-évaluation chez l’adulte : échelle visuelle analogie (EVA), échelle numérique (EN), échelle verbale simple (EVS).
L’auto-évaluation chez l’enfant : échelle visuelle analogique adaptée à l'enfant de 5 à 10 ans (triangle rouge renversé, échelle verticale), échelle des visages, les jetons.
Questionnaire DN4 :
Pour estimer la probabilité d’une douleur neuropathique, le patient doit répondre à chaque item des 4 questions ci-dessous par « oui » ou « non ».
Lorsque le praticien suspecte une douleur neuropa-thique, le questionnaire DN4 est utile comme outil de diagnostic. Le test est positif à partir de 4/10.
Échelles multidimensionnelles :
- Grilles d’entretien semi-structuré.
- Questionnaires évaluant le retentissement de la douleur sur la qualité de vie.
- Auto-questionnaire de Dallas (douleurs du rachis).
Questionnaire de Saint-Antoine :
0 : non.
1 : faible.
2 : modéré.
3 : fort.
4 : très fort.
Questionnaire EIFEL.
Les retentissements de la douleur : ils sont nombreux et peuvent être évalués grâce à une échelle numérique :
- Le sommeil de 0 à 10 (sommeil parfait).
- L’humeur.
- La relation aux autres.
- Le gout de vivre.
- La capacité à faire des choses habituelles.
Évaluation de la douleur chronique : retentissement psychologique.
Échelle HAD de A.S. Zigmond et R.P. Snaith
A = anxiété, D = dépression
Un score global de 19 ou plus traduit un épisode dépressif majeur.
Un score de 13 correspond à des troubles de l’adaptation et aux dépressions mineures.
- Patients non communicants
- Hétéro-évaluation (décodage).
- Tout changement de comportement doit faire évoquer une douleur.
Échelle de comportement douloureux (ECD) :
- 0 : patient calme et détendu.
- 1 : souffre pendant les soins.
- 2 : crispé, position antalgique.
- 3 : gémissement, agitation, prostration.
Behavorial Pain Scale (BPS).
Doloplus 2 :
- Plus spécifique de la personne âgée.
- 3 groupes d’items reflètent les différents retentissements de la douleur : somatique, psychomoteur, psycho-social.
Algoplus :
- Échelle d’évaluation comportementale de la douleur aiguë chez la per-sonne âgée présentant des troubles de la communication verbale.
Score OPS douleur postopératoire (enfant de 0 à 5 ans) :
- Pression artérielle.
- Pleurs ?
- Mouvements.
- Agitation.
- Évaluation verbale ou corporelle.
Échelle de CHEOPS : douleur postopératoire de l’enfant de 1 à 5 ans.
- Pleurs.
- Expression du visage.
- Verbalisation.
- Veut toucher la plaie.
- Torse.
- Membres inférieurs.
Score Amiel-Tison :
- Score de douleur postopératoire pour les enfants de moins de 1 an. Le total varie de 0 à 20.
Réévaluer
- Tracer l’évolution :
o Sur 24 heures.
o Sur plusieurs semaines (en fonction du traitement instauré et de l’échelle utilisée).
Conclusion
- De nombreuses variables influencent l’évaluation.
- L’expression de la douleur du patient dépend de :
o Ses origines culturelles.
o De sa personnalité.
o D don état émotionnel, anxiété, dépression.
- La perception par l’observateur dépend :
o De sa personnalité.
o De son expérience personnelle et professionnelle.
o De sa disponibilité.
- L’évaluation ne saura jamais réduire toutes les douleurs à un chiffre, mais restera toujours un support à l’expression et à la communication.