UE2.9 S5 – Processus tumoraux
Les lymphomes
5/10/2012
1. Définition, classification, biologie
Définitions
- Les lymphomes constituent un ensemble d’hémopathies malignes liées à l’expansion clonale de cel-lules lymphoïdes matures B ou T à un stade quelconque de leur maturation normale.
o Indolent
o Agressif : se développe rapidement, symptômes intenses.
- Point de départ : organes lymphoïdes secondaires (ganglions, rate, tissu lymphoïde associé aux mu-queuses). Post-médullaire :
o Précurseur lymphoïde et cellule B et T dans la moelle
o Migration dans le sang, puis dans les OLS
- À chaque sous-type de lymphome correspond un précurseur lymphoïde normal.
- Ne pas confondre lymphome et leucémie.
Classification OMS : la seule que l’on doit utiliser actuellement
- Néoplasie B :
o Immatures : lymphome lymphoblastique B
o Matures : lymphome B diffus à grandes cellules (30%, agressif), folliculaire (22%, indolent), du MALT (7%), leucémie lymphoïde chronique, lymphome du manteau, lymphome de Burkitt (urgence thérapeutique, tue en 1 à 2 semaines), de la zone marginale, etc.
- Néoplasies T :
o Immatures : lymphome lymphoblastique T
o Matures : lymphome T périphérique (7%), anaplasique (2%), NK/T, etc.
- Maladie de Hodgkin.
Sous-type histologique |
Survie des patients non-traités |
Curabilité |
Attitude thérapeutique |
Lymphome NH :
- Indolent (I)
- Agressif (A)
- Très agressif (tA) |
I :Années.
A : Mois
tA : Sem |
- I : habituellement non curable. Médiane de survie 8 ans. 25% de survie à 10 ans
- A et tA : le plus souvent curable. 50 à 60% de guérison. 30% de décès à 2 ans.
|
I : traitement différé si patient asymptomatique
A et tA : ttt |
Maladie de Hodgkin (tout type) |
Variable : mois à années |
Le plus souvent curable |
Traitement |
Facteurs de risque
- Déficits immunitaires constitutionnels (anomalies de la réparation de l’ADN, Wiskott-Aldrich, DICV), ou acquis (VIH).
o On a tous des cellules cancéreuses présentes dans notre organisme, mais nos défenses immu-nitaires permettent la destruction de ces cellules. Un déficit immunitaire ne permet pas de les détruire, d’où le développement du cancer.
- Auto-immunité : Sjogren, PR, Lupus, maladie coeliaque.
- Inflammation chronique.
- Infection.
Facteurs environnementaux : pesticides, désherbants, monde agricole, bucherons, dioxines, teintures de cheveux avant 1980.
2. Épidémiologie
- Incidence moyenne d’environ 20 cas / 100 000 aux USA.
- 5% des tumeurs malignes.
- 5ème position des tumeurs malignes.
- 3,5% de mortalité par cancer.
3. Présentation clinique
Adénopathies
- Les lymphomes non-hodgkiniens sont disséminés au diagnostic dans plus de 50% des cas, alors que la maladie de Hodgkin est le plus souvent localisée (un seul groupe ganglionnaire).
- Signes cliniques majeurs : adénopathies souvent multiples, fermes, non douloureuses, non adhérentes, parfois volumineuses (> 7cm) et/ou compressives, splénomégalie fréquente.
- Possibles atteintes extra-ganglionnaires : peau, muqueuses, sphère, ORL, gonades, système nerveux, tube digestif, os.
- Quelque fois découverte d’une adénopathie isolée chez un patient totalement asymptomatique.
Autres signes généraux
- Recherche systématique de signes généraux (symptôme B, valeur pronostic)
o Fièvre > 38°C depuis au moins 7 jours sans cause infectieuse.
o Sueurs nocturnes profuses ?
o Amaigrissement > 10% du poids initial.
- Autres symptômes : asthénie, anorexie, prurit (surtout dans la maladie de Hodgkin, lié à la sécrétion de certaines cytokines), douleurs pharyngées, douleurs osseuses, syndrome anémique, purpura, infections.
Complications inaugurales possibles
- Pancytopénie par envahissement médullaire +/- sanguin.
- Atteinte du SNC.
- Anémie hémolytique auto-immune, thrombopénie périphérique, hémophagocytose.
- Masses ganglionnaires compressives : compression médullaire, insuffisance rénale obstructive, syndrome cave supérieur.
- Épanchements liquidiens : plèvre, péricarde, ascite.
4. Diagnostic
Confirmation du diagnostic : le seul moyen de poser le diagnostic est la biopsie ganglionnaire chirurgicale.
- Idéalement biopsie exérèse.
- Nécessite un examen histologique avec coloration standard (HES), immunohistochimie et parfois biologie moléculaire et cytogénétique.
- La cytologie seule est insuffisante.
- La biopsie ostéo-médullaire est fréquemment associée.
- Parfois nécessité de biopsie d’organe (foie, poumon) selon l’examen clinique et le bilan d’imagerie.
5. Bilan d’extension de la maladie
- Radiographie thoracique : systématique (degré d’élargissement médiastinal).
- Échographie abdominale.
- Scanner cervico-thoraco-abdomino-pelvien avec injection de produit de contraste : examen de référence incontournable
- Tomodensitométrie par émission de positons (TEP) : imagerie fonctionnelle permettant de visualiser les zones métaboliquement actives et de les comparer avec le scanner.
- IRM en cas de localisations spécifiques : système nerveux central, os, tissus mous.
6. Traitement
Croissance lente |
Abstention et surveillance
OU : RT pour les maladies locales
OU : Début avec une CT peu intensive puis traitement plus agressif (éventuelle autogreffe en cas de rechute précoce)
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Croissance rapide |
Polychimiothérapie souvent associée à une radiothérapie externe au niveau des sites de masse tumorale. |
Chimiothérapies actives : (habituellement sensible à la CT).
- CHOP : cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine, prednisone (corticoïdes).
- Anticorps monoclonal anti-CD20 (Mabthera*).