UE1.1 – Psychologie, sociologie, anthropologie

Concept de parentalité : attachement et séparation

I – La parentalité

La parentalité désigne le processus qui mène à l'état d'être parent. L'engagement est une qualité psychique particulière qui caractérise cet état de parentalité. Le parent est engagé durablement de façon définitive. Au-delà des sentiments affectifs, le lien parent-enfant perdure. Cet engagement est conscient, volontaire, et normalement accepté. Même s'il vient à être annulé, il existe quand même (enfant placé : les parents perdent l'autorité parentale mais conservent leur état de parentalité). On ne peut pas faire sans les parents même s'ils ont perdu leur autorité parentale. La parentalité regroupe l'ensemble des savoirs-être et des savoirs-faire qui se déclinent au fil des situations quotidiennes qui peuvent être en parole, en actes, en partage, en émotion, en plaisir, en reconnaissance de l'enfant, mais également en autorité, en exigence, en cohérence et en continuité.

Première apparition de terme en 1961, confusion entre parentalité et maternalité.

La parentalité est une construction (on ne devient pas parent du jour au lendemain) :

• Construction psychologique, ça suppose la question du désir et d'une nouvelle identité (il existe des identités sociale, scolaire, professionnelle, … et de parentalité). L'identité parentale s'appuie sur l'histoire, l'amour, l'autorité qu'on a reçu. On va s'appuyer sur ce modèle de référence qu'on a. Le fait d'avoir été enfant d'un parent, et de devenir cette fois parent d'un autre enfant est la première étape du processus de parentalité.

• Construction sociale : correspond à toutes les règles d'affiliation.

• Construction juridique : en fonction des situations, l'enfant ne va pas être identifié de la même façon d'un point de vue juridique.

Le concept de parentalité est utilisé dans plusieurs champs d'application :

• Action politique et sociale vers les familles : aides matériels, financières.

• Législation : autorité parentale, coparentalité.

• Sociologique : pour décrire les nouvelles formes de conjugalité et de vie familiale (le triangle père – mère – enfant évolue).

  On s'interroge sur la structure familiale : notion de parentalité beaucoup plus complexe, famille mono-parentale, pluriparentale, … Parentalité adoptive,

• Éducatif : pratiques éducatives destinées aux enfants pour repérer ce qui est du côté de la maltraitance ou du côté de la bientraitance. La parentalité concerne aussi les règles éducatives.

• Psychologique : pour travailler sur le lien parents-enfant. Il est nécessaire de travailler sur plusieurs générations.

Parentalité et lien biologique : la parentalité se complexifie dans les familles mono-parentales, homo-parentales, recomposées. Avec la PMA, reconnaissance juridique de parents, mais ce n'est pas très clair (exemple du cas des mères porteuses : nouveaux droits mais ça reste floue).

Conférence des ministres (…) : le concept de parentalité s'étend et englobe les parents biologiques (parenté) ainsi que toute personne prenant en charge l'enfant (développement, éducation, …).

• Les enfants adoptés seraient alors seulement dans un lien de parentalité.

• Famille homo-parentale : si une femme trouve un donneur de sperme et a un enfant, elle est seule responsable de cet enfant (en cas de décès de cette mère, l'enfant ne peut être remis à l'autre mère. Il ira avec la famille de la défunte mère).

• Famille recomposée : si la mère biologique décède, le beau-père n'a aucun droit sur l'enfant.

Intérêt de rédiger des actes notariés concernant la garde de l'enfant en cas de décès.
 

II – Attachement et séparation précoce

Il existe en psychologie une théorie de l'attachement, présentée par différents courant. Elle présente le nouveau né comme doté d'un équipement qui lui permet d'échanger avec son entourage. Cette théorie va avec la notion d'interaction entre parent en enfant.

Premiers chercheurs d'inspiration psychanalytique, puis éthologique, et enfin sociale.

• Freud : il considère que le nourrisson c'est à la fois de la détresse et de la toute puissance, l'enfant va s'attacher à sa mère puisqu'elle répond à ses besoins. Cette relation autour de l'alimentation ou autre va laisser de traces mnésiques chez l'enfant qui vont créer cette relation mère-enfant, cet attachement. Le lien entre l'enfant et la mère se construit.

• Klein : elle s'intéresse à la vie fantasmatique de l'enfant, à ses émotions et ses ressentis. L'enfant considère qu'il y a un bon et un mauvais objet, il va se distinguer de sa mère. Si elle répond à ses besoins elle est une bonne mère, dans le cas contraire elle est une mauvaise mère.

• Winnicott : observation auprès des nourrissons et des bébés. L'enfant ne peut devenir enfant que s'il est couplé à des soins maternels. Des soins suffisamment bons sont une nécessité absolus, sans ça l'enfant ne peut s construire. Dans les premières années, la mère va s'adapter aux besoins de l'enfant (préoccupation maternelle primaire), elle va s'identifier à lui. La mère a une fonction de miroir (1+1=1), l'enfant n'existe qu'au travers du regard de sa mère.

  Il a mis des techniques de soins maternels en avant :

  • le holding = portage du bébé : important, permet d'apaiser ses angoisses (à la naissance, tout est angoisse pour l'enfant), va permettre à l'enfant d'accepter sa capacité d'être seul.

  • le handling : façon dont l'enfant va être soigner, manipuler, façon dont on va jouer avec lui. Quand il y a une carence de soins maternels, conséquences en fonction de l'âge de l'enfant, du degré de la carence, de la qualité de la relation : retard de l'apparition du langage, organisation spatio-temporelle mauvaise, investissement intellectuel pauvre, …

• Spitz : hospitalisme. Il présente un tableau évolutif lié à une séparation. Si par malheur l'enfant est séparé ou perd trop souvent le lien maternelle entre 6 et 12 mois, on observe très vite un début de dépression, évolution psychologique bloquée. Premier mois de séparation : pleurs, tristesse, l'enfant s'accroche a un adulte de l'entourage. 2^ème : perte de poids, grande tristesse. 3^ème : refus de tout contact, refus de s'alimenter, insomnie, maladie, anxiété, indifférence vis à vis de l'entourage, retard dans le développement psychomoteur. Après : regard figé, complètement absent, l'enfant ne souri plus, ne fait plus de crise, mouvement bizarre des doigts, développement mentale complètement stoppé. Si l'enfant retrouve sa mère ou un substitut avant la fin du 4^ème mois, rétablissement rapide.

En tant que professionnelle : accompagnement de cette relation, avoir à l'esprit et favorises les notions d'attachement et de parentalité. Conseils aux parents pour être à l'aise dans cette construction de l'attachement. Ne pas oublier de faire exister le lien avec le père.

La séparation n'est pas dramatique en soi (on a tous vécu une séparation). La séparation fait partie de la construction psychique, de l'individualisation. Elle peut même être vécue sereinement. Jusqu'à 3 ans, l'enfant se rechargent émotionnellement, affectivement sur un mode proximal (contact, toucher, …). Après, il fonctionne sur un mode distal pour se ressourcer (signe de la main, sourire, …).