Les différentes approches théoriques en psychopathologie
Introduction
· Parano, hystérique, maniaque, pervers, schizo, maso sont des termes utilisés dans le langage courant. Or ces termes désignent en psychopathologie des fonctionnements psychiques particuliers, précis et complexes.
· La psychopathologie, « science de la souffrance psychique », est l’étude des troubles psychiques, de leur origine (étiologie), de leurs expressions (sémiologie) et de leurs mécanismes.
· Est-ce une science ?
- Pour : possibilité de baser sur une approche expérimentale et de résultats statistiques reproductibles et critiquables.
- Contre : irréductibilité de la complexité et reconnaissance du sujet.
· Psychopathologie et neurosciences : les neurosciences sont l’étude du système nerveux (structure et fonctionnement), les neurosciences ne sont pas une approche thérapeutique. Une évolution rapide des techniques d’imagerie (fonctionnement et dysfonctionnement cerveau) et des concepts (neurone miroir, plasticité cérébrale, …). Sont-elles superposables ou dissociables ?
· L’articulation est-elle possible entre cerveau et psychisme ?
- Rupture épistémologique : objets différents, traduction impossible.
- Complémentarité : objet différent (affect / cognitions) mais complémentaire, langage compatible.
- Convergence : même objet, langage différent mais compatible (approche objective / subjective).
- Equivalence : même objet, langage compatible.
Psychanalyse
- Théorisée par Freud. Le psychisme est dépendant de sa partir enfouie, l’inconscient. Origine des troubles psychiques dans les conflits entre conscient et inconscient. Faire émerger ces conflits peut permettre de les dénouer.
- Pratique fondée sur la verbalisation aussi libre que possible, sur l’écoute des souvenirs, des rêves, des associations d’idées ou d’images qui viennent spontanément et permettent de mettre en lien la symptomatologie avec l’histoire du sujet qui est autant celle de la rencontre avec soi-même que de la rencontre avec les autres, ceux avec lesquels nous nous sommes construits.
- De nombreux courants après Freud : ego et self-psychology, lacanien, kleinien et winicottien, jungien, …
- De nombreuses formes de thérapie : cure type, psychothérapie analytique, psychodrame, psychanalyse de groupe, psychothérapie institutionnelle (le cadre de soins est aussi thérapeutique : choix en équipe de ce qui va être décidé ou au contraire laisser le patient en autonomie), …
- Intérêts : courant dominant en France, une éthique du sujet, des liens vers la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, les neurosciences, …
- Critiques : l’absence d’évaluation (très peu d’études : les psychanalystes se refusent de faire des études sur l’efficacité), l’inefficacité, le dogmatisme de certains.
Les approches humanistes
- Carl Rogers (1902 – 1987) : approche centrée sur la personne à non directivité.
- Authenticité : éviter tout langage paradoxal
- Empathie : reformulation
- Chaleur : non jugement, considération positive. Les analystes étaient considérés comme trop froid avec leurs patients.
- L’être humain est fondamentalement bon (faire en soi des choix justes), il est capable d’autodétermination dans l’ici et maintenant.
- De nombreux courants : thérapie existentielle, relaxation progressive, existentielle, analytique, training autogène programmé (le patient apprend la relaxation par lui-même), hypnose humaniste, gestalt (forme primordiale du sujet à laquelle on doit accéder), thérapie primale, cri primal (retrouver le cri du nourrisson), …
- Intérêts : une technique qui fait consensus, une approche utilisée par de nombreux professionnels et bénévoles.
- Critiques : l’être humain est-il bon ? Ses décisions sont-elles objectives ? La place de son histoire, un corpus théorique divers et une nébuleuse de courants.
- Gregory Bateson (1904 – 1980) et l’Ecole de Palo Alto dans les années 50 : les individus interagissent au sein d’un système, chaque élément du système obéit aux lois de celui-ci.
- Paul Watzlawick, les 5 axiomes de la communication :
- on ne peut pas ne pas communiquer.
- 2 aspects communication : contenu et relation.
- Nature de la communication dépend de la ponctuation des séquences.
- Communication digitale et analogique (non verbale).
- Communication symétrique et complémentarité.
- Exemples :
- Théorie de la double contrainte : quoi qu’on fasse, on ne peut pas répondre aux 2 exigences.
- Métacommunication : pouvoir parler de ce qui se passe dans la relation (solution à la double contrainte).
- Le génogramme : (schéma) arbre généalogique dons lequel on fait figurer les relations biologiques et relationnelles (distante, conflictuelle, fusionnelle, …) entre les membres de la famille.
- Applications thérapeutiques :
- Thérapie familiale : principale
- Thérapie de groupe, individuelle et institutionnelle : plus rare
- Management
- Intérêts : l’accent mis sur l’importance de l’environnement, l’absence de jugement sur les personnes qui sont toutes dans le système.
- Critiques : le concept de boîte noire, une approche thérapeutique essentiellement familiale, des outils qui peuvent être mal utilisés.
Thérapie brève
- Fondé par Milton Erickson et des membres issus de l’Ecole de Palo Alto
- Nombre limité de séances, une dizaine maximum.
- Elaboration par le thérapeute d’une stratégie ou d’une solution.
- Applications thérapeutiques :
- Hypnose ericksonienne
- Thérapie stratégique familiale : le thérapeute sait ce qui ne va pas dans la famille et propose des modifications comportementales.
- Thérapie centrée sur la solution
- PNL : utilisée par les thérapeutes pendant les entretiens.
- Intérêts : nombre de séances, efficacité revendiquée.
- Critiques : la place du thérapeute.
TCC
- Ivan Pavlov (1849 – 1936) : conditionnement comportemental (behaviorisme).
- Année 50 – 60, Albert Ellis et Aaron Beck : thérapie cognitive (pattern).
- La fusion cognitivo-comportementale : le recherche d’une scientificité psychologique.
- Déroulement :
- Evaluation quantitative et qualitative du trouble du patient
- Contrat thérapeutique
- Application programme
- Evaluation
- Applications thérapeutiques :
- Thérapie d’immersion
- Gestion du stress, affirmation de soi
- ABA (Applied Behavioral Analysis), TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication handicaped Children)
- EMDR, pleine conscience
- Intérêts : approche la plus utilisée aux USA et en forte progression en France, méthode évaluable, efficacité revendiquée (diminution du symptôme).
- Critiques : la place du sujet, le glissement des symptômes (ils réapparaissent sous une autre forme), un contrôle social.
Conclusion
· Il n’y a pas de conception athéorique de la maladie mentale : « le danger n’est pas ainsi d’être soumis à nos présupposés théoriques, bien au contraire, ce sont eux qui éveillent et enrichissent notre investigation, le danger c’est de méconnaitre une telle détermination, de la nier, car c’est s’engager irrémédiablement dans une voie en impasse. » Bergeret
· La théorie psychopathologique utilisée va définir une manière de penser la pathologie, un mode de relation au patient, une approche thérapeutique, une organisation des soins, …
· Définir un comportement comme pathologique renvoie forcément à un jugement normatif.
· Il faut éviter une conception de la normalité empreinte du sadisme lié aux statistiques ou aux idéaux tout autant qu’une tentation masochiste systématiquement allergique à tout composé du radical « norme ». Bergeret
· « La psychopathologie peut être définie comme une approche visant une compréhension raisonnée de la souffrance psychique. » Roussillon