COURS IFSI

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04 Les psychoses (UE2.06 S2 - Processus psychopathologiques)

II – Personnalités de type psychotique

 

·         On n’a pas à faire à des conduites simplement régressives mais aussi à des fonctions mentales plus ou moins touchées, ce qui veut dire que la conscience de soi, le sens de la réalité, la façon de considérer les autres, l’analyse des situations et le jugement sont profondément altérés, et l’existence même de la personne est en question. On parle d’angoisse de perte des limites, d’angoisse de mort. Face à la précarité de ses limites, face à cette menace que représentent les autres, et avec ce Moi fragile, le sujet met en place des mécanismes de défenses spécifiques. La psychose se caractérise par une perte de contact avec la réalité (et apparition d’une néo-réalité, le délire) et avec les autres, et de ce fait par une perte de l’identité. Il y a un défaut d’unité, d’autonomie du Moi, lié à la défaillance de la fonction symbolique qui caractérise ces personnalités de mode psychotique. On parle souvent de carence ou d’excès dans la fonction de maternage.

 

Mécanismes de défenses

·         La projection : liée à l’échec du refoulement. Pour se défendre des menaces extérieures (frustrations, stimuli) ou de ses propres désirs, peurs, idées, le sujet va les projeter à l’extérieur pour mieux les anéantir. Il va ensuite être persuadé de leur existence extérieure. Ce mécanisme donne naissance à l’interprétation, à l’hallucination, car ses désirs font retour sous forme de persécutions.

·         Le déni de la réalité : refus, négation des réalités objectives, d’une façon consciente. Il va refuser la réalité d’un évènement (tout ou partie) qui sera vécu par lui comme traumatique. C’est une façon de détacher le Moi de cette réalité insupportable, afin de continuer à exister. C’est pour ça qu’il y a un conflit entre le Moi et la réalité extérieure, ce qui est conflictuel est refusé, c’est comme si l’évènement  traumatique n’avait jamais eu lieu. C’est un mécanisme très lourd, pathologique dans le sens où il touche la réalité. Ce déni de la réalité s’accompagne dans le délire d’une pseudo réalité substitutive, il va imaginer une réalité qu’il a inventée. Processus défensif qui consiste à voire une autre réalité plus en adéquation avec sa problématique psychique interne.

·         Le clivage du Moi : morcellement du Moi, mécanisme précoce des premiers moments de la vie de l’enfant (qui n’a pas encore accès à l’ambivalence). Il consiste à maintenir en même temps deux attitudes, deux sentiments opposés : l’une tient compte de la réalité, et l’autre la dénie. Il donne naissance à l’ambivalence psychotique (j’aime ET j’aime pas) : c’est un Moi qui a échoué dans sa fonction de conciliateur, il se clive, il va y avoir un dédoublement du Moi, une partie reste en contact avec la réalité, et une autre partie plus profonde va se couper de cette réalité (et se construire une néo-réalité, le délire). Il arrive parfois que le clivage échoue, il y a alors rupture totale avec la réalité, le Moi perd ses limites, il éclate, dans ce cas il ne reste plus que le délire pour exprimer le désir de la personne. Le délire demeure l’ultime forme de langage du psychosé, même s’il est déraisonnable, incompréhensible.

 

Mécanisme du délire

·         Interprétation délirante : la plus répandue. Le psychosé va attribuer un sens erroné à des faits réels.

·         Intuition délirante : brusque prise de conscience qui ne repose sur aucune déduction, aucun support objectif, mais qui a l’avantage de conférer à la réalité un sens nouveau, qui s’impose à la personne, avec la force de l’évidence.

·         L’imagination délirante : fait de croire que ce que l’on imagine est la réalité. Délire fantastique avec des productions luxuriantes, des mondes parallèles, l’invention d’un personnage complet.

·         Illusion délirante : perception réelle mais déformée qui peut atteindre tous les sens.

·         Hallucination : perception sans objet qui correspond à la conviction d’une action, d’une force extérieure qui fait intrusion dans l’intimité de la personne.

o    Hallucination psychosensorielle : perception normale mais qui n’existe pas, tous les sens peuvent être touchés.

o    Hallucination intrapsychique : voie intérieure qui force la pensée.

o    Hallucination d’automatisme mental : automatisme du cours de la pensée que le psychosé ne maitrise plus, il va avoir l’impression que ses pensées sont visibles, qu’on peut lui voler ses pensées.

 

 

 

 

1.     La schizophrénie

 

 

·         Maladie que l’on rencontre dans toutes les cultures, dans toutes les civilisations, touche en moyenne 1% de la population, débute souvent au moment de l’adolescence, il est rare de la voir éclore après 35 ans, les deux sexes sont touchés d’égale façon, un biotype physique prédisposant (corrélation entre schizophrénie et morphologie leptosome), facteurs familiaux prédisposant (père démissionnaire ou absent, mère hyper protectrice ou rejetante, indifférente, rivalité non avouée entre les parents, troubles au niveau de la communication), facteurs sociaux précipitants (échec, deuil, surmenage, invasion pubertaire).

 

·         Début brutal sous forme de bouffée délirante polymorphe, un état de confusion onirique, d’excitation maniaque, un état dépressif, avec des actes plus ou moins médico-légaux (fugues, voyages pathologiques, dévergondage sexuel, …).

·         Début progressif sous forme de fléchissement au niveau des activités, un désintérêt, hostilités envers la famille, tendance exagérée à la rêverie, conduite alimentaire anormale, rituels, anxiété, dysmorphophobie (impression que le corps se transforme), troubles du comportement multiples. Petit à petit échec scolaire, renoncement à des activités jusque-là fortement investies, aux sorties, … Puis tendance à l’isolement, apragmatisme, clinophilie, colères inhabituelles, hostilités, …

·         La période d’état : évolution en quelques moins, ou années. Bizarreries, repli, hermétisme, … Caractéristiques de la discordance. La période d’état s’accompagne d’un triple syndrome :

o    Troubles du cours de la pensée, de la conscience, qui est désordonnée : barrage (interruption brutale au milieu d’une phrase), fading (forme abrégée du barrage, les propos du schizophrène se ralentissent, comme s’il se détachait de ce qu’il disait),  rationalisation morbide (raisonnement logique de plus  en plus incohérent), trouble de la concentration et de l’attention.

o    Troubles du langage : mutisme, semi-mutisme, il poursuit un monologue sans contact avec l’autre, troubles phoniques multiples, troubles sémantiques, schizophasie.

o    Troubles affectifs : indifférence, analgésie morale, froideur, manifestations pulsionnelles parfois brusques, sous forme d’impulsions, manifestations émotionnelles (rires, pleurs), perte de l’élan vital, négativisme (opposition, bouderie, dédain, ironie, refus de la main tendue).

o    Discordance psychomotrice : expression gestuelle ralentie ou très affectée, conduite répétitive de gestes ou de paroles (échopraxie, écholalie), catalepsie (raideur des membres), catatonie.

 

Rarement vers une guérison. Les symptômes les plus visibles sont gommés par les thérapies modernes pour laisser place à un état stabilisé mais appauvrissement cognitif (attention, concentration, mémoire), affectif (indifférence), social (isolement croissant, repli autistique) et de l’activité (passive, apragmatisme), dépendance à l’institution et à la famille. De plus en plus de schizophrènes arrivent à vivre une vie familiale, sociale et professionnelle relativement normale. Ils s’expriment de manière brutale, ont toujours le sentiment d’une mort imminente, de la disparition de leur être. C’est dans les premières semaines de leur vie qu’il faut aller chercher ces tourments qu’ils endurent. Se lever, travailler représentent toujours une menace pour eux.

 

 

 

2.     La paranoïa

 

·         Psychose caractérisé par un délire systématisé, c’est-à-dire claire, cohérent, logique et organisé à partir d’une idée précise.

 

·         Hypertrophie du Moi, d’où découle la psychorigidité : l’intolérance, le mépris d’autrui, le fanatisme, orgueil ambitieux.

·         Méfiance qui prépare aux sensations de persécution, d’isolement, il se sent entouré d’un univers malveillant, envieux, cette méfiance s’associe souvent avec la susceptibilité, la réticence et l’hypervigilance

·         Fausseté du jugement : secondaire à la pensée paralogique, se traduit par des interprétations, subjectivisme pathologique, autocritique et doute sont impossibles, autoritarisme et intolérance tyrannique vis-à-vis de son entourage.

·         Inadaptation sociale : conséquences des trois autres traits. Incapacité de subir une discipline collective, isolement égocentrisme, comportement rancunier, revendicatif, autodidacte, niveau intellectuel souvent bon, réussite professionnelle parfois surprenante.

 

 

·         Dénégation : il se trompe sur lui-même et sur le monde, il ne voit qu’un plan de la réalité.

·         Projection : il projette toute les difficultés qu’il rencontre sur les autres, il n’est jamais responsable de quoi que ce soit.

 

·         Délire passionnel : délire en secteur, c’est-à-dire qui porte sur un domaine précis en rapport avec le désir. On distingue trois grands types de désirs passionnels :

o    Désir de revendication : le sujet se sent sans cesse persécuté, il est donc agressif, virulent, voire procédurier, il pense toujours être victime d’un préjudice. Les idéalistes passionnés (syndicalistes), les inventeurs méconnus, les délires de filiation, revendications hypochondriaques,

o    Délire de jalousie : suspicion pathologique de l’infidélité du conjoint, le sujet surveille, interprète le moindre regard, le moindre fait, … Apparait le plus souvent sans motif valable, puis tout détail devient une preuve de l’infidélité de l’autre. Très fréquent chez la personne alcoolique.

o    Délire érotomaniaque : illusion délirante d’être aimé par une personne souvent d’un rang plus élevé que le sien. Ensuite la personne va interpréter tous les signes venant de l’autre, hallucination de caresse, de coït. Quatre stades : espoir, désir, rancune, haine.

·         Délire de relation des sensitifs : délire qui surgit chez un sujet sensitif, souvent timide, scrupuleux, vulnérable, qui a tendance à tout analyser, à tout intérioriser. Dans les conflits qui l’opposent à ses collègues, il se retient et n’ose dire ce qu’il ressent, et ressent donc lui-même une grande frustration, sa sexualité est souvent inhibée. Ce délire survient souvent à la suite d’une certaine décompensation, qui provient d’une succession d’échecs, d’une succession de frustrations, qui entraine souvent une mise à l’écart par l’entourage, délire qui se traduit par de l’anxiété, par l’émission de plaintes somatiques de type hypochondriaques.

·         Délire d’interprétation : le plan passionnel est totalement inexistant, seul existe les délires interprétatifs, les interprétations sont souvent exogènes (portent sur l’extérieur, façon de parler, regard, mots), ou endogènes (projetées sur l’extérieur, attribuées au profit de l’autre). Si une personne souffre de diarrhées elle projette son mal sur l’extérieur, sur ce qu’elle a mangé, sur l’eau du robinet qui est polluée, …

 

 

 

 

 

3.     Psychose maniacodépressive (PMD)

 

·         Nous sommes tous sujets à des variations de l’humeur. C’est souvent inexplicable, ne tenant pas à grand-chose. Mais certaines personnes sont plus prédisposées à des variations de l’humeur, ce qui constitue un handicap, car ça vient affecter les fonctions sensorielles, le sommeil, l’alimentation, la vigilance, la sexualité. Les TMD sont des troubles psycho thymiques, bipolaires, représentent les formes les plus caractéristiques des troubles de l’humeur avec une alternance de dépressions mélancoliques, d’épisodes maniaques souvent entrecoupés d’une période de normalité plus ou moins longue.

 

Accès maniaque : caractérisé par une surexcitation des fonctions psychiques, une exaltation de l’humeur, un déchainement des pulsions instinctivo-affectives. Le début survient le plus souvent après un stress psycho-social, brutal, pas de prodrome (symptôme de début). Perte du sentiment de l’impossible.

 

 

Accès mélancolique : état de dépression intense vécue par le sujet, avec un sentiment de douleur morale, caractérisé par le ralentissement, l’inhibition des fonctions psychiques et psychosomatiques.

 

 

L’objet, l’activité, l’idéal, indispensable pour notre équilibre psychique, avec lequel le sujet s’était formé, est perdu. Il se trouve dans l’incapacité de faire le deuil, de reporter ses pulsions sur des objets substitutifs. Il n’arrive pas à réinvestir normalement le champ social, donc il reste enfermé dans sa douleur. La perte de l’objet et en quelque sorte ressenti comme une perte de la meilleur partie de lui-même, il va se sentir vide, dépossédé de tout, ayant perdu l’essentiel de sa raison d’être. La relation d’objet perdue était trop excessive. C’est un idéal qui condamne le Moi, qui amène l’autodépréciation sévère de la personne, et qui ne peut être qu’à la hauteur de la douleur suscitée par la perte. En réaction à l’insupportable, l’épisode maniaque s’explique par une fusion compensatoire du Moi dans l’idéal, où tout peut redevenir possible, sans limite.

 

 

 

4.     La bouffée délirante

 

·         Délire chronique qui se développe sur une personnalité de base,  normale, sans passé psychiatrique.

 

 

 

 

5.     La psychose hallucinatoire chronique (PHC)

 

 

 

 

6.     L’état démentiel

 

 

 

 

 

7.     Psychose puerpérale

 

·         Puerpéralité : état d'une femme qui, ayant accouché, se trouve dans la période qui suit l’enfantement. Troubles mineurs et psychose de type bouffées délirantes. Emergence d’un conflit mère/fille, la fusion mère/nouveau-né peut se traduire par un repli sur soi, une régression. En diminution aujourd’hui : bonne prise en charge de la grossesse, amélioration au niveau de l’obstétrique, diminution des grossesses non désirées. 1,5/1000 grossesses.

 

Grossesse

 

Postpartum

 

Etat dépressif (post partum blues)

 

Etat mélancolique