UE2.6 S5 – Processus psychopathologiques
Délires chroniques
19/09/2012
Définition générale
Psychose chronique caractérisée par des idées délirantes permanentes auxquelles le sujet adhère de manière inébranlable tout en gardant une perception conforme à la réalité. Le sujet délire sur un truc précis, de ma-nière très ferme, très convaincue, mais par contre le reste de la réalité reste intacte. En-dehors, le sujet vit dans la réalité, il conserve des repères d’adaptation en apparence satisfaisant. La personnalité paranoïaque est différente de la personnalité schizophrénique.
Apparition vers 40-50 ans, rarement chez les sujets jeunes. Pas d’évolution déficitaire.
Délire chronique systématisé, ou paranoïa
Définition
Caractérisé par l’édification progressive d’un système d’idées délirantes. Ce système inébranlable se déve-loppe dans l’ordre, la cohérence, la clarté.
Caractéristiques
Délire d’apparition brutale, mais en général précédé par une période d’angoisse, de perplexité, qui va débou-cher sur un syndrome de dépersonnalisation, d’étrangeté, puis à partir de là sur un vécu persécutoire.
Face à une expérience psychique qui va mobiliser des pulsions que le sujet n’arrive pas à intégrer, décom-pensation psychotique avec les phénomènes classiques (dépersonnalisation, persécution), et des phénomènes de délires. Le sujet va projeter à l’extérieur de lui ces pulsions inintégrables, et l’objet qui va porter ces pulsions va devenir un objet persécuteur.
Donc système de défense projectif, et cela démarre par une intuition délirante, le postulat fondamental. Le sujet est troublé, il a un certain problème, mais il va sortir de là par le postulat fondamental. Puis, le sujet va réorganiser les choses à partir de ce postulat par un mécanisme interprétatif. Toutes ces interprétations vont viser à confirmer que son intuition de base était juste. Toute la réalité va être interpréter (gestes, propos de l’entourage, tout évènement survenant autour de lui, malaise corporel : avertissement, hostilité, persécution).
Le délire va progresser de manière continue. Tout délire peut entrainer des risques, et chez le paranoïaque le délire présente un danger important. Importance de l’exaltation passionnelle.
Personnalité
Surestimation de soi, orgueil pathologique, intransigeance, passe son temps à se faire valoir.
En parallèle, méfiance vis-à-vis des autres, susceptibilité (c’est lui qui a raison, qui est parfait, etc.), toujours à l’affut de ce qui se dit autour de lui, pour y déceler quelque chose de mauvais, etc.
Fausseté du jugement : jugement perturbé par un besoin constant d’expliquer les choses (dans le sens qui l’arrange), recherche d’une logique, etc. mais sur une base erronée. Alimenté par son état psychique de base, mais il trouve des sens cachés partout.
Psychorigidité et agressivité défensive : il est dans une grande intransigeance, ne supporte pas la contradic-tion, il est toujours du côté du bien et les autres du côté du mal, pas clair. Accepte mal la critique.
Différents types de délires chroniques
Délire où, à partir d’une croyance de base, le sujet se met à interpréter tout ce qui l’entoure, de manière ex-cessive et délirante. Tonalité persécutive, toute la réalité est interprétée, à tel point que le délire peut devenir à la limite de la schizophrénie.
Très systématisé, si bien qu’il peut même parfois entrainer l’adhésion d’une partie de l’entourage. Les inter-prétations vont se développer en secteurs très précis, pour appuyer le postulat fondamental. Risque de passage à l’acte important.
- Délire de jalousie : le sujet se met à rechercher les preuves d’une intuition délirante (d’infidélité), qui devient une certitude. La moindre de chose est interprétée.
- Délire érotomaniaque : le postulat fondamental est l’illusion délirante d’être aimé. Création d’une pseudo-relation, d’un pseudo-désir.
- Délire de revendication : classique, le sujet se trouve une revendication (de terrain, de titre, d’invention), pouvant être à caractère multiple.
Délire paranoïaque particulier dans le sens où il y a une atmosphère dépressif. Personnalité du paranoïaque mais, au lieu d’être comme le paranoïaque classique (auto affirmation de sa supériorité), le sensitif est dans un vécu d’infériorité. On n’est plus dans une mégalomanie sthénique et agressive, mais plutôt dans un sen-timent dépressif de dévalorisation ; mais toujours persécutoire (on me veut du mal, j’ai jamais eu de chance, etc.), projection, moins massive que chez le paranoïaque classique, du mauvais sur les autres.
Paraphrénie
Délire très particulier, appelé également délire imaginatif, ou fantastique. Caractérisé par le développement d’une imagination délirante débridée, très luxuriante, prenant le pas sur tous les autres mécanismes délirants.
Thèmes : fantastiques, contes de fée, science-fiction, hors du temps et de l’espace.
Coexistence des deux temps : réalité et délire.
Rares.
Psychose hallucinatoire chronique
Définie par l’apparition soudaine d’un syndrome hallucinatoire qui constitue l’essentiel de la symptomatologie. Hallucinations psychiques, psychosensorielles, auditives, visuelles, cénesthésiques, kinesthésique, etc.
Aboutie à un délire d’influence à tonalité persécutoire.