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UE1.1 – Psychologie, sociologie, anthropologie
Schéma corporel et image de soi
Image corporelle : corps imaginaire, traité par la psychologie et la psychanalyse. Inconsciente.
Schéma corporel : corps réel, celui dont s'occupe la médecine. Consciente et inconsciente.
En psychologie, SC = représentation ± consciente du corps, de sa position dans l'espace, ainsi que la posture des différents segments corporels.
Selon F. Dolto : le SC se construit au contact du monde physique. Notre expérience de la réalité dépend de l'intégrité de l'organisme ou de ses lésions transitoires ou définitives, neurologiques, musculaires, osseuses, de nos sensations physiologiques viscérales, circulatoires, cénesthésiques.
Le concept de SC se situe du côté du sensible et de la conscience. Il est le résultat d'une intégration d'expériences sensorielles, une donnée immédiate de la vie consciente.
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Le même pour tous. |
Propre à chacun en lien avec un type de relation libidinale. |
En partie conscient et inconscient |
Éminemment inconscient |
Abstraction d'un vécu du corps |
Synthèse de nos expériences émotionnelles |
Se structure par l'apprentissage et l'expérience |
Se structure par la communication entre sujets et la mémorisation des frustrations, de la jouissance réprimée |
Se réfère au corps actuel dans l'espace, à l'expérience immédiate |
Se réfère à l'intersubjectif imaginaire Mémoire inconsciente du vécu imaginaire |
Évolue dans le temps et l'espace |
Incarnation symbolique inconsciente du sujet désirant |
Wallon (1930) : stade du miroir = lieu privilégié de l'appropriation de son corps, de la construction de la conscience objective de soi.
L'enfant ne se reconnaît pas.
8 mois : il se retourne pour voir ce qu'il y a derrière lui. Il cherche à se rassurer auprès de sa mère (son odeur, sa chaleur, …).
12 mois : il s'approche pour embrasser l'autre enfant. Questionnement.
17 mois : il pleure mais n'arrive pas à résoudre ce conflit, il regarde derrière le miroir.
22 mois : il essaye de piéger l'image dans le miroir, de comprendre l'image réelle.
24 mois : il ne joue plus devant, il se doute que l'image est la sienne, attitude d'évitement.
27 mois : il s'approprie cette image spéculaire comme la sienne, les 3 sensibilités sont intégrées. Il est conscient d'une unité entière : le SC est acquis.
Schilder
Le SC se construit au cours du développement de l'enfant, l'intégration sensorimotrice est progressive. Vont interagir et s'intégrer 3 formes de sensibilités :
Intéroceptive : sensibilité des viscères et de l'intérieur du corps en rapport avec le tube digestif, l'appareil respiratoire, la circulation sanguine.
Proprioceptive : ce qui est lié au mouvement, aux attributs du corps (façon d'être dans l'espace, de bouger).
Extéroceptive : concerne les organes des sens et est tournée vers l'extérieur.
De la naissance à 3 mois : maturation des structures nerveuses afin d'aboutir à une différenciation des infos proprioceptives et extéroceptives. Différencie corps et objets environnants, localise et saisie des objets en se servant de la position de son corps comme référence. Il se sert de son SC.
6 mois : intégration de la vision, du touché, de la synesthésie. Reconnaissance du corps propre (différentes parties) et de l'objet.
1 an : « mobilité intentionnelle » projetée vers un objet, espace distinct du corps propre, préhension volontaire, maîtrise de la motricité. Verticalisation en passant par la station assise puis station debout, puis marche.
20 mois : identifie les parties du corps sur autrui puis sur lui-même. Acquisition de la marche + langage → élaboration en constante évolution du SC.
5/6 ans : apparition de la dominance latérale (d/g) + fonctions imitatives → constitution SC (étroitement liée à la perception de l'autre).
« Si le schéma corporel constitue une représentation objective, alors l'image corporelle constitue une représentation subjective. » L'image corporelle se trouve entre le rêve, le fantasme et la réalité. Elle s'élabore avec l'histoire du sujet et se construit au cours du développement de l'enfant. Elle est une représentation fantasmée différente de la réalité du corps. Si le SC est le lieu, la source des pulsions, l'IC est le lieu de leur représentation. « L'image du corps humain, c'est l'image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, autrement dit la façon dont notre corps nous apparaît à nous même. »
L'affectivité change la valeur de la représentation de certaines parties du corps. L'expérience relationnelle et le vécu sexuel transforment le rapport que nous entretenons avec notre corps. Il peut se produire des accidents de parcours dans le développement psycho-sexuel : quand un sujet se focalise sur une ZE et ignore les autres, tous les évènements de la vie vont se trouver canalisés vers cette ZE, provoquent une sorte de parasitage.
Psychopathologie
L'image unifiée ne va pas de soi. Le sentiment de posséder un corps s'enracine dans les premières relations parentales donc dans la sphère affective. Notion de narcissisme importante dans la construction de l'image de soi et de son corps.
Les perturbations somatognosiques liées à une lésion dans l'hémisphère mineur (droit pour les droitiers) portent sur l'hémicorps gauche = hémiasomatognosie → sentiment d'absence ou de non-appartenance de l'hémicorps ou inconscience totale de l'hémicorps.
Les perturbations somatognosiques lors de lésions de l'hémisphère dominant réalisent une asomatognosie globale. Syndrome de Gertsmann : troubles bilatéraux localisés (agnosie digitale, incapacité à distinguer d/g, acalculie, agraphie, apraxie constructive). Autotopoagnosie : perte de la localisation des parties du corps (troubles bilatéraux généralisés).
Perturbations du SC liées à des lésions périphériques : amputation → phénomène du membre fantôme (hallucination du toucher et sensations douloureuses perçues par le sujet dans son membre absent).
Névroses : atteinte des fonctions (alimentation, sommeil, sexualité). Le névrosé habite son corps mais en a peur (hystérie, phobie, obsession).
Troubles de l'humeur : dépression (ralentissement idéïque et psychomoteur, corps douloureux), état maniaque (hyperactivité motrice, déni corporel).
Psychose : morcellement de l'image du corps, certaines parties du corps sont projetées ailleurs.
Schizophrénie : catatonie, élaboration délirante. Le corps n'est pas engagé dans la relation. Inadéquation entre l'affect et son expression corporelle. Dépersonnalisation : sentiment d'étrangeté, sensation de ne plus être comme avant, générant de l'angoisse. Le sujet devient spectateur de lui-même dans ses actes.